L’obésité peut-elle être génétique ?

L’obésité peut-elle être génétique?

L’obésité, maladie caractérisée par un Indice de Masse Corporelle (IMC) supérieur à 30 et une accumulation excessive de graisse, est devenue, en quelques années, un véritable fléau sociétal. Selon l’étude ObeEpi-Roche publiée dans le Monde en octobre 2012, elle toucherait près de 15% de la population en France, soit 6,9 millions de personnes.

Au niveau mondial, elle concerne 12% des adultes, sachant qu'elle a été multipliée par 2 entre 1990 et 2015 dans la plupart des pays (découvrir notre infographie sur 25 ans d'obésité à travers le monde).

Si l’adoption d’une alimentation saine et la pratique d’un sport sont des facteurs favorisant la perte de poids, comment expliquer que des personnes aux modes de vie similaires n’aient pas la même corpulence ?

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Vous souffrez d’obésité et, malgré tous vos efforts, vous ne parvenez pas à vous en sortir et cherchez la véritable cause de cette maladie ?

La piste génétique est peut-être la réponse à vos questionnements, sachant que les recherches sur l’obésité génétique se multiplient ces dernières années. Pour mieux comprendre la complexité de cette maladie, nous avons enquêté sur son origine multifactorielle et, notamment, sur la susceptibilité génétique de chacun d’entre nous, pouvant favoriser son développement. On vous explique tout sur le gène de l'obésité !

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L’obésité génétique : ça existe ?

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La réponse est … oui, mais ce n’est pas l’unique explication au surpoids ! ! S’il existe des causes héréditaires de l’obésité, dont nous allons vous parler, d’autres facteurs, tels que l’alimentation et l’absence de pratique d’une activité sportive, favorisent la prise de poids excessive.


Quelques mots sur la génétique

Nous sommes tous composés de cellules, qui contiennent des séquences d’ADN. Cet ADN est contenu dans des paires de chromosomes, héritées de nos parents, à raison d’un chromosome provenant du père et d’un chromosome de la mère.

Chaque paire de chromosomes contient des gènes, qui définissent nos caractéristiques individuelles, comme le groupe sanguin par exemple.

Voici une vidéo qui vous permettra de mieux comprendre toute la complexité de la génétique :

L’ADN est donc une machine bien rodée mais un grain de sable et tout peut s’enrayer !

En effet, les gènes humains s’expriment différemment d’une personne à l’autre. Certaines mutations de gènes peuvent provoquer leur expression accrue au sein des cellules ou, au contraire, leur absence d’expression, conduisant à des modifications métaboliques ou au développement de certaines maladies telles que la mucoviscidose, le cancer … ou l’obésité ! (source).


Les différentes formes d’obésité génétique

S’il existe des causes non génétiques de l’obésité telles que la malnutrition, des maladies endocriniennes, des troubles psychologiques ou encore des causes iatrogènes (prise de certains psychotropes), on retrouve un terrain héréditaire dans de nombreux cas d’obésité (source).

Risques de développer une obésité selon la corpulence de ses parents

D’après des études synthétisées par l’INSERM portant sur 100.000 personnes, l’obésité aurait une cause héréditaire dans 50 à 90% des cas. Quand même ! De plus, si l’un de nos parents est obèse, il y aurait 40% de risque de développer également une obésité. Ce pourcentage atteint 80% lorsque nos deux parents sont obèses (source).

Génétique et obésité seraient donc, dans de nombreux cas, étroitement liées.

On distingue en réalité trois formes d’obésité génétique :

  • l’obésité monogénique
  • l’obésité syndromique
  • l’obésité polygénique dite commune, à l’origine multifactorielle

L’obésité monogénique

L’obésité monogénique est une obésité développée très précocement, avant l’âge d’un an. Cette forme d’obésité génétique, très rare, est due à la mutation d’un seul gène, entraînant une obésité sévère. Plusieurs études se sont notamment intéressées à la mutation du gène MC4R, situé sur la voie leptine-mélanocortine, retrouvée dans 4% des obésités sévères.

Ce gène de l'obésité a pour rôle de contrôler l’apport alimentaire en déclenchant la sensation de satiété au niveau cérébral. Or, sa mutation entraîne une perte de ses récepteurs qui ne peuvent donc déclencher le message neuronal indiquant au cerveau que nous sommes rassasiés ! Elle entraîne donc une hyperphagie chez les personnes porteuses de cette mutation et, donc, une prise de poids excessive (source).


L’obésité syndromique

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L’obésité syndromique, elle, résulte d’un phénomène pathogénique initial, autrement dit d’une « dégradation » d’un gène, se produisant avant la naissance. L’enfant naît avec une mutation ou une micro délétion du gène, développant alors un syndrome (ex : Prader-Willi, Bardet-Biedl, etc.), associant une obésité génétique, un dysmorphisme et un retard mental.

Si la cause monogénique et la cause syndromique peuvent expliquer certains cas d’obésité, apparaissant dès l’enfance, ces mutations isolées ne permettent pas d’expliquer l’épidémie actuelle d’obésité, ne se développant parfois qu’à l’âge adulte.


L’obésité polygénique

L’obésité polygénique, dite commune, est la forme identifiée comme principale responsable, associée à la sédentarité et à une alimentation trop riche, de la recrudescence actuelle de l’obésité. Celle-ci serait liée à la mutation de plusieurs gènes, et non d’un gène unique de l'obésité, associée au métabolisme et influencée par des facteurs environnementaux (source). L’obésité aurait donc, dans la plupart des cas, une origine multifactorielle, environnementale et génétique, sur laquelle il serait possible d’agir.

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  • Au niveau environnemental, il convient d’adopter un mode de vie sain, avec une alimentation équilibrée, limitée en sucre et en graisse, et en pratiquant de façon régulière une activité sportive.
  • Au niveau génétique, les scientifiques cherchent actuellement à cibler les différents gènes impliqués dans le contrôle de notre métabolisme, et donc de la prise de poids, et leurs variantes jugées comme responsables du développement de l’obésité. Récemment, une étude a permis d’identifier des variantes d’un gène situé sur le chromosome 16, le gène FTO (pour “Fat mass and obesity-associated protein”), aussi appelé "gène de l'obésité", qui augmenteraient de 70% le risque d’obésité.

Il semble que l’on tienne là le principal coupable : le gène FTO,  fameux “gène de l’obésité”.


Le gène FTO, responsable de votre obésité ?

La découverte scientifique récente du gène de l'obésité

On l’a vu, la plupart des pays occidentaux connaissent, depuis une trentaine d’années, une épidémie d’obésité (voir notre infographie), en partie liée à une prise alimentaire excessive. Néanmoins, des chercheurs ont tenté de comprendre ce qui expliquerait que deux personnes aux modes de vie similaires puissent avoir des poids significativement différents et se sont donc intéressés à la composante génétique de l’obésité et à l'éventuelle existence d'un gène de l'obésité.

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Parmi eux, le professeur McCarthy et ses collègues de l’Université d’Oxford ont analysé l’ADN de plus de 40 000 européens, en comparant celui de personnes de corpulence normale à celui de personnes souffrant d’obésité. Cette comparaison a permis de mettre en évidence la présence d’une mutation du gène FTO chez les personnes obèses. Ce gène est présent sur le chromosome 16 de chaque humain, dans différentes variantes, certaines étant associées à une forte prévalence d’obésité. Sa mutation entraînerait ainsi 30% de risque supplémentaire de développer une obésité chez les personnes possédant une copie de cette mutation, et jusqu’à 70% de risque chez celles en possédant deux copies (source).

D’autres équipes scientifiques ont souhaité en savoir plus sur les mécanismes sous-jacents du gène FTO. L’une d’elle, dirigée par le Docteur Batterham des hôpitaux ULC et de l’Université de Londres, s’est intéressée à certaines variantes du gène FTO : la version AA, à haut risque d’obésité et la version TT, à plus faible risque.

Cette étude a montré une différence significative des deux groupes concernant leur niveau de ghréline dans le sang, une hormone destinée à stimuler l’appétit. En effet, si cette hormone est censée diminuer à la suite d’une prise alimentaire, dans le groupe porteur de la version AA du gène FTO, elle ne l’est pas, d’où l’absence d’effet de satiété après le repas. Le groupe AA est donc plus à même de manger en grande quantité et de développer une obésité (source).

Enfin, une autre équipe du MIT (Massachusetts Institute of Technology), dirigée par la professeure Claussnitzer, a récemment publié un article dans la célèbre revue scientifique « The New England Journal of Medicine » sur l’obésité génétique et plus préciément le gène de l'obésité. Ces chercheurs se sont rendus compte que le gène FTO n’agissait pas au niveau cérébral, en contrôlant par exemple la sensation de satiété, mais directement au niveau du tissu adipeux. Ils ont alors identifié l’expression accrue de deux gènes (IRX3 et IRX5), chez les porteurs de la mutation FTO, responsables d’une modification du métabolisme et entraînant le stockage des graisses, donc une prise de poids (source).

Si le gène FTO est désormais clairement identifié comme gène de l’obésité, les recherches portent désormais sur le traitement de l’obésité génétique, en agissant directement sur l’expression de ce gène dans notre ADN.


Obésité génétique et traitement

Maintenant que l’on a compris la source génétique de l’obésité (pas dans tous les cas d'obésité, on le rappelle), il est temps de chercher à la guérir ! Car c'est bien beau de l'avoir identifiée, mais en cas d'obésité génétique, que faire si ce n'est se morfondre sur son sort ou en vouloir à ses géniteurs ?!

L’équipe du MIT a ainsi poursuivi ses recherches afin de démontrer l’aspect réversible de la mutation du gène FTO (source).

Pour cela, elle a cherché à inverser le mécanisme de stockage des graisses entraîné par cette modification génétique, en neutralisant le gène modifié IRX3, tout du moins son équivalent chez la souris. A la suite de cette neutralisation, les scientifiques ont observé une perte de poids chez les rongeurs, sans modification de leur activité physique et sans restriction alimentaire.

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Il serait donc possible d’agir sur le gène FTO pour qu’il n’entraîne plus un stockage des graisses. Les souris sont ainsi devenues « 50% plus minces que celles du groupe contrôle », même avec un régime plus riche en graisse (source) !

Pour autant, la recherche ne porte à l’heure actuelle que sur des rongeurs, elle n’est donc pas encore suffisamment aboutie pour que des conclusions sur l’Homme puissent être tirées. Mais ces résultats sont très prometteurs et ils sont source d’espoir pour les personnes obèses. To be continued pour le gène de l'obésité, donc...


Alors, l'obésité génétique, ça existe ?

L’obésité génétique est donc bien réelle puisque les preuves scientifiques se multiplient sur l’existence de mutations génétiques responsables de la prise de poids. Si leurs mécanismes ne sont pas encore contrôlés chez les humains, la recherche ne faiblit pas afin de trouver des solutions et des traitements efficaces pour lutter contre l’épidémie d’obésité qui sévit depuis quelques années.

Si, comme nous venons de vous l’expliquer, l’obésité est en partie causée par votre bagage génétique et par le fameux gène de l'obésité, cette explication ne peut toutefois pas être une excuse à tout ! L’obésité n’en est pas moins une maladie multifactorielle qui, en plus de la génétique, peut s’expliquer par bien d’autres facteurs (sport, sédentarité, alimentation riche, etc.). Il reste nécessaire d’adopter de bonnes habitudes de vie pour contrôler sa prise de poids.

N’hésitez pas à vous faire part de votre expérience et à nous aider à poursuivre cet article sur l'obésité héréditaire avec vos commentaires voire vos questions : on compte sur vous !

Si vous souffrez vous-même d’obésité :

  • Tentez de réduire vos apports alimentaires, notamment en graisse et en sucre.
  • Adoptez une activité physique régulière (marche, natation, etc.).
  • ​Consultez, dans un premier temps, votre médecin traitant qui en cherchera les causes (problème hormonal, problème de thyroïde, apport calorique excessif, etc.).
  • ​Tournez-vous vers des professionnels de l’obésité qui approfondiront les recherches et pourront vous proposer des solutions adaptées.
  • Jetez un oeil du côté des médicaments pour maigrir, qui peuvent vous aider dans votre perte de poids.
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